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Alphabet phonétique international

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L'alphabet phonétique international (API) est un alphabet utilisé pour la transcription phonétique des sons du langage parlé. Contrairement aux nombreuses autres méthodes de transcription qui se limitent à des familles de langues, l'API est prévu pour couvrir l’ensemble des langues du monde. Développé par des phonéticiens britanniques et français sous les auspices de l’Association phonétique internationale, il a été publié en 1888. Sa dernière révision date de 1993.

Exemple de transcription utilisant l'alphabet phonétique international : « endurer » dans quelques langues étrangères.

langue mot écrit phonétique phonologie
français endurer [ɑ̃.d̪y.ˈʁe] /ɑ̃.dy.re/
allemand dulden [ˈdʊl.dn̩] /ˈdʊl.dən/
anglais tolerate [ˈtʰɒl.əɹ.eɪt] /ˈtɒl.ər.eit/
castillan aguantar [a.ɰwan̪.ˈt̪aɾ] /a.ɡuan.ˈtaɾ/
mandarin 忍 rěn [ʐən˨˩˦] /ren3/

La transcription phonétique en API consiste à découper la parole en segments sonores supposés atomiques, et à employer un symbole unique pour chacun de ceux-ci, en évitant les multigrammes (combinaisons de lettres, comme le son ch du français, noté [ʃ] ou le gli italien, transcrit [ʎ]).

Le nombre de caractères principaux de l'API est de 118 ce qui permet de couvrir les sons les plus fréquents. Ces caractères sont pour la plupart des lettres grecques ou latines ou des modifications de celles-ci : ɾ, ɽ, ɺ, ɹ tirés de r ; ɘ, ǝ tirés de e. Les sons moins fréquents sont transcrits à partir des précédents en indiquant une modification du mode ou du point d'articulation par le biais d'un ou plusieurs signes diacritiques (au nombre de 76) sur le caractère principal : par exemple, le b du castillan caber (« tenir, rentrer dans ») est transcrit [β̞] pour indiquer une spirante au lieu de la fricative bilabiale sonore [β]. Il existe également des symboles spéciaux pour noter des phénomènes suprasegmentaux, comme les tons mélodiques ou l’accent tonique : [ˈdʊl·dn̩], transcription de l'allemand dulden (« supporter, tolérer ») indique un accent tonique d'intensité sur la première syllabe (') et un n final vocalisé ( ).

On notera que l'usage linguistique est d'indiquer la transcription phonétique d'un mot entre crochets ; l’utilisation de barres obliques indique une transcription phonologique, c'est-à-dire qui oppose les traits pertinents des différents sons d'une langue donnée sans entrer dans le détail de leur prononciation.

L'utilisation de l'API est maintenant établie dans l'enseignement, l'apprentissage et l'étude des langues. Notamment, la plupart des dictionnaires bilingues utilisent cet alphabet ou une transcription phonologique qui en est inspirée. L'API est également un outil essentiel pour rendre à l'écrit les langues jusqu'à présent non écrites : de nombreuses langues d'Afrique se sont dotées d'une orthographe utilisant comme signes complémentaires des caractères de l'API ; un exemple typique est l’alphabet pan-nigérian.

L'API a été développé au départ par des professeurs de langue britanniques et français sous la direction de Paul Passy dans le cadre de l'Association phonétique internationale, fondée à Paris en 1886 sous le nom de Dhi Fonètik Tîtcerz' Asóciécon. La première version de l'API, publiée en 1888, était inspirée de l’alphabet romique d'Henry Sweet, lui-même élaboré à partir de l’alphabet phonotypique d'Isaac Pitman et Alexander John Ellis.

L'API a connu quatre révisions en 1900, 1932, 1989 et 1993.

Description de l'alphabet

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L'API possède des caractères principaux pour les voyelles orales les plus courantes qui sont classées selon :

  • leur degré d'aperture : voyelles fermées (hautes), pré-fermées (hautes inférieures), mi-fermées (moyennes supérieures), moyennes, mi-ouvertes (moyennes inférieures), pré-ouvertes (basses supérieures), ouvertes (basses) ; hautes moyennes
  • leur point d'articulation : antérieur, quasi-antérieur, central, quasi-postérieur, postérieur ;
  • leur caractère arrondi ou non.
Voyelles (Image) Voir aussi : API, Consonnes
Antérieures Centrales Postérieures
Hautes i y ɨ ʉ ɯ u
Hautes inférieures ɪ ʏ ʊ
Moyennes supérieures e ø ɘ ɵ ɤ o
Moyennes ǝ
Moyennes inférieures ɛ œ ɜ ɞ ʌ ɔ
Basses supérieures æ ɐ
Basses a ɶ ɑ ɒ
Lorsque deux symboles apparaissent dans une case, celui de gauche représente
une voyelle non arrondie, celui de droite une voyelle arrondie.
Pour les voyelles situées au centre, la résonance labiale n’est pas spécifée.

Les autres sont transcrites à partir des voyelles prédéfinies par adjonction d'un ou plusieurs diacritiques modifiant l'articulation

diacritiques de l’alphabet phonétique international modifiant la réalisation d’une voyelle
ɔ̹ arrondissement (= labialisation) ɔ̜ désarrondissement (= délabialisation)
avancement (= plus antérieur) rétraction (= plus postérieur)
plus ouvert (= montée) moins ouvert (= descente)
avancement de la racine linguale rétraction de la racine linguale
ë centralisation mid-centralisation
murmure laryngalisation
nasalisation modifier

Par exemple,

  • les nasales du français standard sont ɔ̃ (on), ɛ̃ (hein), œ̃ (un), ɑ̃ (en) ;
  • le /o/ bref du hongrois (par ex. kor, heure) est moins antérieur et légèrement plus ouvert que le /o:/ long (par ex. kór, maladie), une transcription soigneuse le donne comme [o̟̞].

La quantité des voyelles est indiquée comme suit :

signes de l’alphabet phonétique international indiquant la quantité des consonnes et voyelles
quantité long mi-long bref extra-bref
signe chrone semi-chrone aucun brève
exemples a t ă
modifier ce tableau

Notes:

  1. Le deux-points est souvent employé à la place du chrone, par exemple [a:] au lieu de [].
  2. Les notations phonémiques s'écartent souvent de la notation API et utilisent un macron pour les syllabes longues.

Par exemple, Pose cette rose ! est souvent réalisé en français parisien [poˑssɛtˈʁ̥oːz].

La transcription des tonèmes suit le procédé ci-dessous.

  • Pour certains tons dont le profil de hauteur est simple on utilise soit un diacritique soit un pictogramme représentant la hauteur du ton ou un accent (par exemple : ton de hauteur constante haut, mi-haut, médian, mi-bas, bas)
  • Pour les tons dont le profil de hauteur est plus complexe seul un pictogramme représentant le profil du ton est prévu. Par exemple, il est possible de rendre le mandarin 我叫张 (« Je m'appelle Zhang ») par [wɔ˨˩˦ tɕiaʊ˥˩ tʂɑŋ˥]¹.
signes de l’alphabet phonétique international pour la transcription des tonèmes
ton diacritique barre ton diacritique barre
haut ascendant ě e˩˥
mi-haut é descendant ê e˥˩
médian ē ascendant haut e˦˥
mi-bas è ascendant bas e˩˨
bas ȅ montant-descendant e˦˥˦
Case grisée : pas de caractère Unicode prévu
Diacritique/Barre : notation équivalente
Image des symboles : voir la fiche récapitulative

Notes :

  1. Il n'existe pas encore de standard informatique permettant d'afficher correctement les pictogrammes pour les tons de hauteur variable ainsi que certains diacritiques correspondants ; ci-dessus sont affichés à la suite les pictogrammes correspondant aux différentes hauteurs prises par le ton. Le tracé correct des diacritiques et des pictogrammes est donné sur la fiche récapitulative de l'API.
  2. La notation numérique des tons en exposant, par exemple 我姓张 [wɔ214 ɕiaʊ51 tʂɑŋ5] est souvent utilisée pour pallier la piètre gestion des tons de l'API par les ordinateurs actuels. Cette notation n’est pas standard et son format dépend des familles de langues étudiées.

L'API classe les consonnes selon trois critères :

  Consonnes (Image) Voir aussi : API, Voyelles  
Modes
d’articulation
Points d’articulation  
Labial (multiple) Coronal (multiple) Dorsal Laryngal (aucun)  
 Pulmoniques   Bilabial  Lab-dent. Lab.-pal. Lab.-vél.  Dental    Alvéol.  Post-alv. Rétro. Alv.-pal. Post-alv.-vél. Palatal  Vélaire  Uvulaire Pharyn.  Épiglott.    Glottal    
Nasales   m   ɱ     ŋ͡m     n     ɳ       ɲ   ŋ   ɴ    
Occl. prénasalisées p b       t d   ɳ͡ʈ ɳ͡ɖ     ɲ͡c ɲ͡ɟ ŋ͡k ŋ͡ɡ ɴ͡q ɴ͡ɢ    
Occlusives p b   p ɡ͡b t d   ʈ ɖ     c ɟ k ɡ q ɢ   ʡ   ʔ    
Affriquées ɸ β f v     θ ð s d͡z d͡ʒ ʂ ʐ ɕ ʑ   ç ɟ͡ʝ x ɡ͡ɣ χ ɢ͡ʁ   ʡ͡ʜ   ʔ͡h    
Fric. prénasalisées ɸ β ɱ͡f ɱ͡v     θ ð s z ʒ         ŋ͡k ŋ͡ɡ        
Fricatives ɸ β f v     θ ð s z ʃ ʒ ʂ ʐ ɕ ʑ ɧ   ç ʝ x ɣ χ ʁ ħ ʕ ʜ ʢ h ɦ  
Spirantes   β̞   ʋ   ɥ ʍ w   ð̞   ɹ       ɻ     j   ɰ              
Roulées   ʙ           r     *           ʀ     *    
Battues   *         ɾ̪   ɾ     ɽ               *    
Fricatives latér.     ɬ ɮ   *       *   *            
Spirantes latér.       l     ɭ       ʎ   ʟ      
Battues latér.       ɺ     *       *   *      
Non pulmoniques  
Occl. injectives ƥ ɓ         ƭ ɗ     *     ƈ ʄ ƙ ɠ ʠ ʛ    
Occl. éjectives         t̪ʼ       ʈʼ                
Fric. éjectives ɸʼ         θʼ     ʃʼ   ʂʼ   ɕʼ     çʼ     χʼ      
Clics centraux ʘ         ǀ   ǃ       ǂ            
Clics latéraux     ǁ                

Lorsque deux symboles apparaissent dans une case, celui de gauche représente une consonne sourde, celui de droite une consonne voisée.
Les cases séparées par des pointillés emploient normalement les mêmes symboles API de base, et ne diffèrent éventuellement que par les diacritiques appliqués pour déplacer leur articulation.
Les cases marquées d’un astérisque (*) indiquent des sons attestés non encore représentés officiellement dans l’API.
Les parties grisées indiquent une articulation jugée impossible. Les cases blanches vides indiquent des articulations théoriques possibles mais non encore attestés.
Les affriquées en italique sont des ligatures d’usage courant, ne faisant plus partie de l’API (il est recommandé de les remplacer par les deux articulations, liées avec une barre ou avec la fricative en exposant).
Les occlusives injectives sourdes en italique, parfois employées, ne font plus partie de l’API (il est recommandé de les remplacer par le symbole de la consonne voisée avec le diacritique de dévoisement).

Comme pour les voyelles, des diacritiques permettent d'indiquer une modification du point ou du mode d'articulation afin transcrire des consonnes qui n'ont pas de symbole principal.

diacritiques et exposants modifiant les consonnes de l’alphabet phonétique international
avancement articulation dentale murmure
rétraction articulation apicale laryngalisation
ɹ̝ montée articulation laminale labialisation
β̞ descente articulation linguo-labiale palatalisation
dévoisement désocclusion latérale vélarisation
voisement dⁿ désocclusion nasale pharyngalisation
arrondissement désocclusion inaudible aspiration
désarrondissement ⁿd prénasalisation ɡ͡b articulation double
t͡s affriquée modifier

Par exemple,

La quantité des consonnes est indiquée de la même manière que pour les voyelles. Le hongrois Mit mondott? (Qu'a-t-il/elle dit ?) sera transcrit [mɪt̪ mo̟n̪d̪o̟t̪ː], phonologiquement /mit mondotː/.

Une consonne vocalisée, c'est-à-dire servant de sommet à une syllabe, comporte un trait vertical souscrit :

  • allemand reden (parler) : [ˈred.n̩] ;
  • tchèque Brno (Brno) : [ˈbr̩.no] ;
  • anglais whistle (siffler) : [ˈʍɪs.l̩].

Les syllabes accentuées sont précédées d'une barre verticale :

  • en exposant pour l'accent primaire : ˈ ;
  • au niveau de la ligne de base pour les accents secondaires : ˌ.

Un point (.) sépare les syllabes.

Par exemple, l'allemand Rindfleischetikettierungsüberwachungsaufgabenübertragungsgesetz (loi sur le transfert de responsabilité de la surveillance de l'étiquetage de la viande bovine) se transcrit :
[ˌʁɪnt.flaɪʃ.ʔeti.kɛ.ˌtiː.ʁʊŋs.ʔyˑbɐ.ˌva.xʊŋs.ˌʔaʊf.ɡaː.bn̩.ʔyˑbɐ.ˌtʁ̥aː.gʊŋs.ɡə.ˈzɛts].

Le signe (̯) signale qu'un élément est à rattacher à la syllabe courante et ne constitue pas un nouvel élément syllabique. Par exemple : [po̯ˈeta], transcription du mot espagnol signifiant "poète". (exemple tiré du Handbook of the IPA, p.25)

Le jeu de caractères Unicode permet d'écrire l’ensemble de l'API, à l'exception des indications tonales complexes. Les symboles et diacritiques se situent dans les blocs de caractères suivants :

Certains caractères précomposés (avec diacritiques) sont accessibles dans les blocs suivants :

Liens externes

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